Germain Cantegrit, ganadero

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En mars 1934, le journal La Course landaise, sous la plume de René de Guichebaron, présentait à ses lecteurs la biographie d’un nouveau ganadero, Germain Cantegrit. La voici en intégralité.
« Germain Cantegrit est né à Estibeaux d’une famille de braves et honnêtes cultivateurs. Il grandit dans cette commune, qui fut jadis célèbre par les noms du ganadero Dubecq et du torero Mazantini. Mais, rentrons dans les débuts tauromachiques de Cantegrit.
Le 14 juillet 1912, Habas faisait course. Celle-ci battait son plein, quand, tout d’un coup, on voit s’avancer au milieu de la piste, un jeune homme de 18 ans, vêtu modestement, le béret en pointe. Crânement, il se présente devant la coursière qui fonce sur lui et, six fois, avec succès, il sort victorieux. Tous applaudissent, et Germain Cantegrit, c’est son nom, est désormais sacré torero.
Après la guerre, il convole en justes noces avec Mlle Mathilde Basterot, de Mouscardès, qui est, elle aussi, la belle-sœur de notre ami Dulay, conseiller municipal. Par la suite, il fonde définitivement son foyer à Castetcrabe, en bordure des ondes fugitives de l’Adour.
Ecarteur probe et consciencieux, teneur de corde et entraîneur désintéressé, il a passé successivement dans toute la hiérarchie du jeu landais. Ses débuts comme ganadero vont se produire le 1er avril à Habas, avec le même succès, nous en sommes certain, qu’il y a vingt-deux ans, sur la même place, ses débuts d’écarteur. Notre ami Cantegrit est un tauromache dans toute l’acception du terme. La tauromachie peut être fière de lui ! »
Et ce n’était pas un poisson !…

Il ne put malheureusement pas exercer longtemps sa nouvelle activité, décédant en décembre 1937 à l’âge seulement de 45 ans.

 

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4 thèses vétérinaires sur la course landaise et la vache de course

 

Notre sport a fait l’objet jusqu’à aujourd’hui, d’après mes recherches, de quatre thèses vétérinaires.

  1. La plus ancienne est l’œuvre de Pierre Richelle. Elle est éditée à Toulouse en 1943 et a pour titre :  Contribution à l’étude de la tauromachie dans le Sud-Ouest de la France, des origines à nos jours. Elle comporte 52 p. et est conservée dans l’exceptionnel fonds taurin donné par le célèbre Paco Tolosa à la bibliothèque municipale de Toulouse (cote : F.T.C. 293). Voici comment l’auteur légitime son travail:
    « Issu d’un pays où la tauromachie est fort en honneur, et ayant assisté, dès notre plus jeune âge, à ces spectacles, nous avons toujours porté, comme tous ceux de chez nous, un vif intérêt aux courses qui avaient lieu dans notre Sud-Ouest. L’idée nous est ainsi venue d’essayer de les décrire, de les faire connaître à ceux qui les ignorent. »
    Il a (déjà à l’époque !) travaillé à partir de la bibliothèque et des archives de la famille Barrère, l’une des rares à avoir constitué et conservé son fonds documentaire dans le monde des ganaderos.
    Après une première partie consacrée à une « Étude historique », Richelle aborde dans un second chapitre une « Étude technique ». Il y étudie d’abord « La Course espagnole » puis surtout « La Course landaise », avec en particulier une « Étude ethnologique des races de Course landaise », suivie d’une « Description schématique des diverses suertes landaises ».
    Bien sûr ce genre de travail ne révolutionne pas l’histoire de notre course landaise, mais il nous montre au moins qu’elle a régulièrement fait l’objet de recherches. Voici quelques extraits de son Étude ethnologique des races de Courses landaises qui concernent en particulier notre fameuse ancienne race landaise.
    « La race landaise, ou marine, qui peuplait jusqu’à la fin du siècle dernier les landes de Gascogne, est une variété de la race ibérique. Pour les historiens landais, cette race est issue du croisement des taureaux espagnols des troupeaux dont se faisaient suivre les Maures lors de l’invasion de notre pays, avec les vaches de ces régions. Quoi qu’il en soit, cette variété landaise, vivant sur un sol pauvre, est de petite taille, elle ne dépasse pas 1 m. 30 au garrot, le corps est relativement court. La constitution des sujets est fine et rustique à la fois. Ils sont vifs, énergiques, très tenaces, et d’une sobriété remarquable ; leur conformation est souvent régulière et, quand les jeunes sont bien soignés, ils atteignent une grande ampleur de proportions. Le pelage est généralement froment, de la nuance la plus claire ; il indique, avec la teinte rosée du mufle et des paupières et la blancheur des cornes, des traces de croisement avec la race d’Aquitaine et Ibérique. » (…)
    « La variété landaise, qui présentait autrefois une certaine importance sur le littoral landais, ne se trouvait plus, vers la fin du siècle dernier, que dans le Marsan, la Grande Lande, la Chalosse, le Bas-Armagnac et les environs du Bassin d’Arcachon, le plus souvent croisée avec des béarnais, bazadais ou vaches bretonnes importés dans ces régions. Ceci explique les divergences dans les descriptions que nous ont données de cette race les zootechniciens d’alors. Ainsi, certains prétendent que cette race était de robe gris-noir, la tête enfumée, avec des yeux très vifs, des cornes noires dirigées en avant. Mais tout le monde est d’accord sur les qualités de cette race : sobriété, rusticité, esprit combatif. » (…)
    « Jusqu’au milieu du XIXe siècle, c’est avec des animaux de cette race landaise que furent uniquement données les Courses dans notre région. Il existait, dans le département des Landes et, plus particulièrement, en Chalosse, des propriétaires éleveurs qui possédaient des troupeaux (ou bacquades), uniquement destinés au combat et qui faisaient un commerce lucratif de la location de leurs bêtes. Les principaux centres étaient Puyoo, Mugron, Montfort, Tartas, St-Sever. »
  2. En 1965, Roger Bontemps soutient une thèse à l’École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort consacrée spécifiquement à « La vache de course landaise ». Elle est dédiée à Jacques Milliès-Lacroix, président de la Fédération française de la Course landaise, à MM. Gaston Rémy et Méricam Bourdet, « revisteros landais, pour leurs précieux conseils et documents » et enfin à MM. Labat, Larrouture, Latapy, Maigret et Pabon, ganaderos, « pour leur précieuse collaboration ». Parisien d’origine, mais membre du groupe folklorique « Les échassiers de l’Amicale des Landais de Paris », c’et cette activité qui le conduit à s’occuper de nos coursières. Sa thèse s’articule  en deux parties: la première consiste en un bref rappel historique de la course landaise, et la deuxième, la plus importante, est consacrée à l’élevage proprement dit (ethnologie, production, élevage et exploitation).wwww
  3. En 1981, Christian Louis Debes soutient une thèse intitulée La Course landaise, toujours dans le cadre de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse. Ce Montois d’origine traite dans un premier temps de la course en général, de son histoire et de sa sociologie, avant d’en venir à la vache landaise elle-même dans deux chapitres consacrés, pour l’un aux ganaderias, et pour l’autre au bétail.
  4. Enfin, en 2000, c’est le tour d’Olivier Renard de traiter du même sujet devant les professeurs de l’École vétérinaire de Toulouse. Sa soutenance fait l’objet d’un compte rendu circonstancié sur une pleine page par Jacqueline Nalis dans la revue Gascogne, la Talanquère, n° 67, juillet-août-septembre 2000, p. 50, qui porte comme sous-titre: « La Course Landaise, marqueur identitaire primordial en Gascogne ». Picard d’origine, M. Renard rencontre la course landaise chez le Dr Lorne, vétérinaire d’Aire-sur-l’Adour, alors praticien en charge des vaches de course des élevages de la DAL, de l’Armagnacaise et de Dussau. Son directeur de thèse, Pierre Sans, est également aturin d’origine. Quant au président du jury, mon regretté ami Georges Larrouy, parasitologue de l’Université Paul-Sabatier de Toulouse, il avait des attaches familiales landaises. Cet ouvrage est en fait beaucoup plus sérieux que la plupart des thèses vétérinaires. En 141 pages enrichies de 22 croquis, cartes et photos ainsi que de 15 tableaux et graphiques, l’auteur y traite d’abord de l’histoire de la course landaise, puis aborde spécifiquement le sujet de la vache, de sa reproduction et de sa nutrition ainsi que de la législation sanitaire en la matière. Les aspects zootechniques sont très bien décrits, en particulier la foulée de galop et le coup de tête. Dans la 3e partie de son travail, il décrypte les pratiques liées à l’élevage : la description des terrains, la surexploitation des pâturages, la charge parasitaire conséquente, le patrimoine génétique non renouvelé, etc. Il analyse notamment en détail, et de manière novatrice, la proposition de reproduction par transplantation embryonnaire, y compris dans ses aspects économiques, de même que l’alimentation rationnelle des vaches de combat avant la course. Il termine par une étude sur l’importante législation sanitaire concernant nos vaches landaises, en comparant notamment les taux de pathologies en Espagne, en Camargue et en Gascogne. Voici la photographie de l’impétrant et du jury paru dans Gascogne.
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Mort pour la France : Robert (Alexis)

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Le dernier héros de la Grande Guerre que nous avons identifié à ce jour est un ganadero qui venait tout juste, deux ans avant le conflit, de commencer une carrière prometteuse.

Alexis Michel André Robert est né le 25 septembre 1884 à Meilhan. Lors de son recrutement à Mont-de-Marsan en 1904, où il porte le n° 566, il déclare la profession de menuisier.
Rappelé lors de la mobilisation générale du 1er août 1914, il arrive au corps le 3 août et est affecté au 18e escadron du train. Passé au 118e d’artillerie lourde le 31 janvier 1917, puis au 113e régiment d’artillerie lourde le 8 mars 1918 avec le grade de brigadier, il décède à la suite de maladie (peut-être la grippe espagnole) le 2 février 1919 à Metz Lazarette.
Il est inscrit sur le livre d’or de Meilhan et son nom figure sur le monument aux morts de ce village.

Alexis Robert était l’un des principaux ganaderos de l’époque, et voici quelques éléments de sa vie dans le monde de la course landaise.
« En 1912, Alexis Robert de Meilhan rachète le troupeau de Dubecq qui a cessé ses activités et va donner 23 courses avec Despouys, le Montfortois, comme chef de cuadrilla. L’année suivante, Robert aura 30 contrats à honorer et son bétail sera invité avec celui du ganadero parentissois Portalier pour l’inauguration des nouvelles arènes de Dax, le 12 mai. En 1914, Alexis Robert propose les coursières de son troupeau aux organisateurs de courses, alors qu’il y a eu divorce entre ganaderos et écarteurs ; il engagera Martial et l’ancien, Joseph Hains, comme teneurs de corde, au gré des courses à assurer. Puis il se défera de son troupeau avant de disparaître au début de 1919 ; la plupart de ses coursières refouleront le sable des arènes cette année-là, sous les couleurs de Lafitte, le nouveau ganadero d’Eauze. »

Éléments biographiques tirés du Dictionnaire encyclopédique des écarteurs landais de Gérard Laborde (Éditions Gascogne, 2008), p. 487 (avec l’aimable et amicale autorisation de l’auteur)