Du 2 au 10 mai 1925, une grande « Semaine landaise » fut organisée à Paris dans le cadre du fameux « Vel d’Hiv ». J’ai la chance d’avoir pu récupérer un exemplaire du programme édité lors de la première journée du 2 mai 1925.

Pour connaître les spectacles qui étaient proposés aux Parisiens lors de cette semaine, je vous propose le programme de la matinée du 7 mai. On voit que les deux types de courses (compétition individuelle sous forme de duels et match entre cuadrillas) étaient séparées par un entr’acte de 35 mn avec notamment la prestation des Fratellini, et que les amateurs n’étaient pas oubliés pour varier le spectacle. Le tout durait environ 2 h. 30, ce qui supposait un rythme assez soutenu…

Le programme comportait le portrait des organisateurs de cette semaine de courses landaises. On y reconnaît en premier lieu, bien sûr, le grand ganadero Joseph Barrère. Au-dessous de lui, nous trouvons Roger Ducret, un grand escrimeur français qui avait remporté 3 médailles d’or et 2 d’argent aux Jeux olympiques de 1924 à Paris. Les deux autres nous sont pour le moment inconnus.

Et voici les acteurs de cette semaine landaise du Vel d’Hiv, la fameuse cuadrilla de Joseph Barrère. En haut, Gérard Boueilh, dit Gérard (et non Girard !), chef de cuadrilla. Au centre, le célèbre « Père Flam », à l’état civil Eugène Dunau, autrement dit Kroumir II, le frère de l’inventeur du saut périlleux. C’était alors le teneur de corde attitré de la ganaderia Barrère, et il avait 59 ans. Il exercera encore ses talents reconnus par tout le monde coursayre pendant 4 ans encore…

On les présente aussi dans le même programme rassemblés autour de leur ganadero pour une photo de famille. Il s’agit en fait ici de la cuadrilla « élargie », dont seulement sept acteurs firent le voyage : en partant de la gauche, le grand Meunier (2e ), le chef Gérard (3e), le « Père Flam » (4e), Sabon (5e), Roger Suisse (6e), puis à la gauche de Joseph Barrère, le sauteur Martial et enfin Duffau (à l’extrême droite). Mais outre le teneur Flam et ces 6 écarteurs et sauteurs, 6 autres acteurs sont nommés dans les comptes-rendus de ces courses où l’on assista à la fois à des duels individuels et par équipe : Moreno, Duporto, Laffau, René I, Barthélemy et un certain « Marcel ».

A l’occasion de ces courses données dans la capitale, L’Illustration publie, le 9 mai 1925, deux grands articles. Le premier, intitulé « La harde », est l’œuvre du grand écrivain régionaliste Joseph de Pesquidoux. L’introduction nous apprend que celui-ci « a visité récemment une ganaderia, que l’on peut considérer comme l’égale de celle qui nous est présentée ces jours-ci, et il y a été reçu par un ganadero qui est à juste titre considéré comme l’as des écarteurs landais, Joseph Coran, et par conséquent comme un émule de Barrère, dont on applaudit la cuadrilla aux portes de la capitale ». Pesquidoux y narre, dans une très belle écriture entrecoupée de dialogues, sa rencontre avec ce personnage étonnant et attachant qu’était Joseph Coran. Deux images illustrent cet article : le galop des vaches dans la lande, et 4 de ses pensionnaires (2 camarguaises et 2 espagnoles). Le second, de Pierre Aymard, a pour titre « Les jeux de la course landaise ». Orné de dessins de L. de Fleurac, il fournit des détails techniques sur la course elle-même, et en particulier sur l’écart, la feinte et le saut.
J’ai retrouvé des photos originales de ces courses prises par le photographe du Petit Parisien et toutes datées du 15 mai 1925. Voici le premier de ces documents, qui donne une idée des installations qui avaient été installées au vélodrome et très adaptées à nos courses. L’on peut aussi se rendre compte du succès de ces spectacles landais à Paris en voyant la foule qui garnissait tous les gradins.
Et voici un plan plus serré d’une des coursières de la ganaderia Barrère.

Chacun de ces spectacles comportait une partie réservée aux amateurs, et l’on voit ici qu’ils n’affrontaient pas que des « vachettes ». C’était également un moment de récupération pour les écarteurs, ce que confirme la vision de nos Landais assis sur l’estribo sans que cela semble déranger notre coursière…. On peut enfin encore admirer le remplissage des gradins, ce qui prouve que notre sport pouvait attirer beaucoup de monde ailleurs que dans les Landes.
