
A défaut de pouvoir fournir le palmarès de cette triste année 2020, je peux au moins vous donner celui de 1910 ! C’est en effet la 1e année pour laquelle une analyse complète des résultats a été réalisée dans les colonnes de l’Almanach de la Course landaise, grâce notamment au travail de l’un des piliers de la « Tuile », J. Ergey.
A l’époque, le classement s’établissait non sur du pointage des figures mais uniquement sur les sommes gagnées par les acteurs dans les différentes courses auxquelles ils participaient. Cela nous donne le classement suivant :
Rang | Noms | Gains (en francs) | Nb de 1ers prix | Nb de courses |
1 | Lacoste | 4 373 | 25 | 32 |
2 | Fillang | 3 295 | 15 | 29 |
3 | Koran | 2 940 | 8 | 33 |
4 | Mazzantini | 2 700 | 15 | 31 |
5 | Despouys | 2 544 | 3 | 31 |
6 | Giovanni | 2 511 | 3 | 29 |
Et voici le portrait de ces 6 vedettes:

Cette année-là, sur 141 acteurs référencés, 65 (dont 2 amateurs non nommés) ont gagné 50 francs et plus, mais 76 n’ont pas atteint cette somme.
L’auteur de ces statistiques note avec étonnement :
« Ce qui a vous dû frapper à la lecture de ce tableau, c’est le grand nombre d’écarteurs. Plus de cent quarante noms de professionnels ou d’amateurs nous ont été fournis par nos correspondants et la liste est loin d’être complète. Il est vrai que nous pouvons dire du torero ce que La Fontaine a dit du véritable ami :
Rien n’est plus commun que le nom
Rien n’est plus rare que la chose… »
Lacoste, le vainqueur, a notamment gagné 940 francs dans le seul mois de juillet, dans les arènes de Montfort, Grenade, Mont-de-Marsan, Habas, Dax, Orthez et Hagetmau. De son côté Fillang s’est illustré le même mois à Garlin, Soustons, Castets, Tartas et Villeneuve. Quant à Mazzantini, il a réalisé ses meilleurs gains ce mois-là au Houga, à Eauze, Viella, Aignan et Gabarret. Aucun, cependant, n’a obtenu de prix égal ou supérieur à 300 francs, alors qu’il y en avait eu 5 en 1908.
Il faut savoir qu’à cette époque, les courses landaises se déroulent généralement sur deux journées, le dimanche et le lundi, sauf dans les grandes villes (Bordeaux, Mont-de-Marsan et Dax pour certaines occasions).
Le total des gains des 6 premiers est le plus élevé depuis 1903, de même que le nombre d’écarteurs ayant gagné plus de 1 000 francs (28).
En cette saison 1910, 111 courses ont été courues par les principaux ganaderos : 28 par Dubecq, 30 par Barrère, 23 par Portalier, 30 par Passicos ; s’y ajoutent 13 proposées par Darracq et 10 par d’autres éleveurs de seconde zone, pour un total général de 134 courses.
Les sommes distribuées aux courses faites par ces ganaderias atteignent des montants assez considérables : 21 675 francs pour Barrère, 19 348 pour Passicos, 16 670 pour Dubecq, 14 659 pour Portalier, 5 235 pour Darracq et 1 300 pour le reste.
Le chroniqueur se félicite de ces chiffres :
« Amis lecteurs, il résulte, semble-t-il, de la lecture de ces tableaux que l’aficion est loin de mourir et je crois pouvoir affirmer, sans crainte d’être démenti, que depuis longtemps on n’était pas arrivé à des résultats aussi satisfaisants que ceux des deux ou trois dernières temporadas. Si la pluie n’avait parfois troublé bien des fêtes, la temporada 1910 aurait été des meilleures qu’aficionado vit. Que pouvons-nous désirer pour la prochaine ? Plus de soleil et moins de caprices.
St-Luc, notre patron, entendez-nous ! »
69 communes ont accueilli des courses en 1910, de Bordeaux à Saint-Jean-de-Luz, d’Arcachon à Condom, et en voici la carte :
