Caprice de femme, caprice de vache…

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La course landaise va parfois se nicher dans des recoins inattendus… Voici où je l’ai découverte, dans un ouvrage consacré en 1900 à la psychologie féminine, et même plus précisément dans un chapitre intitulé « Formes de la volonté féminine : le caprice » !

« Mais le caprice leur est naturel, et il serait faux de se figurer qu’il est de leur part systématique et voulu. Non, c’est très innocemment que leur vouloir est plein de surprises et d’imprévu. Un écarteur landais, expliquant à un curieux les courses landaises, s’écriait : « Un taureau, voyez-vous, est moins dangereux : on finit toujours par le connaître… Une vache, on ne la connaît jamais. » Peut-être n’était-ce qu’une malice. Mais si le fait est vrai, disons que la vache landaise n’est pas plus à blâmer pour ses coups que la jolie femme pour ses caprices ; la cause est, de part et d’autre, la soudaineté des impressions. »

Je vous en laisse juge !

Psychologie de la femme : études de psychologie féminine / par Henri Marion,… ; [publié par M. A. Darlu], Paris, A. Colin, 1900, p. 232-233

La course landaise vers 1860, par J.-F. Bladé

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Bibliothèque nationale de France, département Société de Géographie, SG PORTRAIT-1313

En 1861, le grand folkloriste gascon Jean-François Bladé nous fournit à la fois une description de la place Saint-Roch, à Mont-de-Marsan, mais surtout la façon dont se passaient les courses à son époque :

« Moins belle à coup sûr, mais plus originale et plus caractéristique, est la place St-Roch. Bordé de maisons uniformes garnies de balcons à même hauteur, ce vaste carré long se ferme les jours de course de taureaux, et fournit du même coup l’arène et l’amphithéâtre. C’est là qu’il faut voir l’écarteur landais seul à seul dans la lice avec une de ces petites vaches aux cornes aiguës, triées parmi les plus méchantes et les plus sournoises de la contrée. Rien de l’appareil pompeux et sanglant des jeux espagnols ; de l’adresse et du sang-froid, voilà tout. L’homme ne fait point de son art métier exclusif. Sans dédaigner la prime, l’amateur combat surtout pour faire montre de sa prestesse ou de sa force. Tel boucher, pâtre ou maquignon, qui tout à l’heure regardait du haut des gradins, descend de sa place, et du spectateur devient combattant. Armé d’un petit drapeau rouge dont la hampe porte un aiguillon, il attend de pied ferme l’animal furieux qui s’avance au galop et la tête basse. Sur le coup du temps, il se dérobe par une volte subite de côté ; le coup frappe dans le vide ou dans l’étoffe couleur de sang. Les plus agiles sautent d’un bond par-dessus la vache ou le taureau (brau),ou leur placent rapidement leur pied sur le front, et s’aident du danger même pour franchir leur adversaire. Le roi de la course, c’est celui qui prendra la bête par les cornes et la portera par terre, les quatre fers en l’air, impuissante et humiliée. »

J.-F. Bladé, « Géographie de l’Aquitaine », dans Bulletin du Comité d’histoire et d’archéologie de la Province ecclésiastique d’Auch, T. II, 1861, p. 17-18