Les courses landaises à Paris en 1857 (suite)

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Je vous ai déjà parlé de ces courses parisiennes parmi les plus anciennes de la capitale (https://wordpress.com/post/patrimoinecourselandaise.org/180 ). Je viens d’en trouver un compte-rendu particulièrement intéressant, car il nous fournit non seulement les noms des écarteurs qui y participèrent, dont le grand Jean Chicoy, mais aussi celui des vaches qui les accompagnaient, dont on voit qu’ils n’avaient pas encore subi d’hispanisation et qu’elles étaient encore de cette race indigène presque disparue aujourd’hui… Il est l’œuvre de Gustave Chadeuil, qui l’inclut dans sa « Revue musicale », parue dans Le Siècle du 24 septembre 1857.

« Voici les exercices dans toute leur simplicité :
Les musiciens commencent à faire mugir leurs instruments. Puis, quand l’orchestre est lancé dans sa course à fond de train, on ouvre les barrières.
Attention ! voici venir M. Jean Chicoy, dont la casaque est grenat. Le valeureux champion provoque une vache, Tartarine, dont les cornes sont effilées comme un poinçon. Tartarine se fâche des tracasseries que lui fait subir M. Chicoy. Elle se ramasse et piétine, la tête inclinée ; puis, elle s’élance contre son ennemi, dans l’intention manifeste de le traverser de part en part. Celui-ci fait un prompt écart et se remet à tourmenter son adversaire. Nouvelle attaque, nouvel écart.
Après bien des ruses de part et d’autre, on finit par s’aborder de front. Mais quand Tartarine bondit pour transpercer M. Chicoy, ce dernier, plus agile cent fois qu’un écureuil, franchit la vache d’une enjambée, et ses cornes transpercent le vide.
Des faits analogues s’accomplissent entre :
Lauréate et M. Duprat, casaque jaune
– Souris et M. Cizos, casaque noire
– Cornette et M. Duvigneau, casaque cerise
– Charmante et M. Camiade, casaque verte
Rosalie et M. Maumane [= Momas], casaque bleue.
Ces jouteurs sont adroits comme des Andalous, et ces vaches impétueuses comme des taureaux. »

Et le journaliste ajoute plus loin : « Quand on n’est pas Espagnol, ces exercices peuvent amuser : ils font diversion aux habitudes de l’Hippodrome. Après la grande chasse anglaise, la course par des jockeys, le diable à quatre, les juives d’Athènes, les folies équestres et les joyeuses bouffonneries des clowns, on s’intéressera aux allures vives de ces petites landaises, dont les mutineries sont sans grand danger. On ira les voir. Il en est une surtout, Souris, je crois, dont la couleur est ravissante. Avec sa petite taille et ses formes irréprochables, elle produit l’effet d’une charmante réduction. »

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A Vic-Fezensac en 1841 : mais que fait la police ?

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On peut lire dans le Journal de Toulouse du 1er octobre 1841 cette brève :

« Dimanche 26 [septembre], jour de la fête patronale à Vic-Fezensac, une course de taureaux avait été préparée pour le divertissement de la population indigène et des invités. La disposition du cirque, calquée sur les cirques antiques, était celle-ci : loges au rez-de-chaussée pour les taureaux ; galeries au-dessus pour les spectateurs.

Or pendant que le public battait des mains et que le taureau remplissait son rôle avec succès, les galeries supérieures se sont écroulées, et les spectateurs sont tombés dans les fosses des animaux.

La réalité sanglante aurait probablement succédé à l’innocente fiction, si les fosses n’eussent été vides. Heureusement les taureaux étaient absents, ce qui fait qu’il n’y a eu que quelques contusions à déplorer.

On nous assure qu’il y a aussi à Vic un commissaire de police ; il aurait bien dû s’assurer de la solidité des échafaudages. »

Au Houga en 1860 : « show must go on ! »…

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Voici ce que rapporte le Courrier du Gers dans son numéro du 19-20 juillet 1860.

« Dimanche dernier, jour de fête locale au Houga, la course de taureaux a été troublée par une catastrophe terrible. Tous les habitants de cette petite ville étaient réunis sur les théâtres disposés pour les spectateurs, lorsque le nommé Lacouture, un des teneurs de corde les plus distingués du pays, tombe au milieu de l’arène frappé d’une attaque d’apoplexie foudroyante. Des cris sinistres se font entendre ; la foule épouvantée évacue les théâtres et la course de taureaux n’a pu être reprise que le lendemain lundi. »

C’est malheureusement la seule mention que nous ayons pu trouver (et Gérard Laborde également) de la biographie de ce cordier.

Quand les arènes de Mont-de-Marsan servaient de prison…

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C’était un 15 novembre et nous étions en 1914. Les premiers combats avaient déjà été meurtriers, mais nous n’étions pas encore entrés véritablement dans la guerre de tranchées. Des centaines de soldats avaient été faits prisonniers, et dans les deux camps.
Du côté français, il fallait d’une part les éloigner le plus du front et d’autre part les surveiller étroitement. Mais avant que l’on organise les choses, que l’on construise des camps ou que l’on trouve des baraquements adéquats, l’on dut parer au plus pressé. Ce fut le cas à Mont-de-Marsan, où plusieurs cartes postales de l’époque nous montrent ces prisonniers allemands parqués sous bonne garde dans les arènes désormais vides de tout spectacle taurin.
Le grand périodique illustré de l’époque, Le Miroir, s’en fait l’écho (un écho patriotique bien sûr) dans son numéro du 15 novembre 1914. Voici cette image, une image d’histoire, une histoire qu’on ne voudrait plus connaître…

Et voici quelques-unes des cartes postales dont je vous ai parlé et qui montrent un peu du quotidien de ces soldats qui passèrent la guerre à l’arrière et furent employés à des travaux d’intérêt général. Certaines existent avec le même cliché recadré plus serré.

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1893 : 10 écarteurs à l’exposition universelle de Chicago !!!

On lit dans L’Express du Midi du 24 avril 1893 :
« Mont-de-Marsan. Nos coureurs landais à Chicago. – Des pourparlers sont, paraît-il, engagés entre un impresario américain et nos écarteurs landais ; il ne s’agirait de rien moins que d’organiser à Chicago des courses qui ne seraient certainement pas l’une des moindres attractions de l’exposition qui va s’ouvrir dans cette ville. Dix écarteurs landais seraient engagés pour deux mois, au cas où les négociations aboutiraient. Paris a, en 1889, fait un chaleureux accueil à Buffalo-Bill et à ses Indiens ; nul doute que les Américains ne réservent à nos compatriotes une réception aussi enthousiaste. »

Malheureusement semble-t-il, ces négociations n’aboutirent pas et les Indiens de nos Landes ne purent pas initier les Américains à notre sport gascon. C’est bien dommage, car cette exposition universelle accueillit en 6 mois 27 millions de visiteurs !!! Le clou en fut le grande roue, la première au monde à être construite, qui mesurait 80 m. de hauteur et pouvait transporter 2 160 personnes (les nacelles comportaient 60 places chacune). Elle avait été conçue pour concurrencer la tour Eiffel… Mais notre tour nationale existe toujours alors que cette roue fut dépecée en 1906…

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