Les sauts landais… vus par les Anglais

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C’est dans une revue britannique (eh oui!!!) que nous trouvons ces considérations sur les sauts:
« Sauts.
Passons aux sauts ; on ne saute guère en Espagne. Les Espagnols ne les considèrent pas comme des passes tauromachiques. La tauromachie, pour eux, n’est que de l’escrime.
Le saut sur le front [note 1 : Sobre el testuz], très dangereux, s’exécute en posant le pied à la naissance des cornes, au moment de l’humiliation et en retombant derrière la queue. Le saut landais [note 2 : On l’a appelé, en Espagne, le saut de Paul Daverat, du nom du Landais qui l’exécuta le premier dans la péninsule, sur la Place de Saint-Sébastien], plus dangereux encore, n’est que le même saut sans poser le pied entre les cornes. Joseph Marin, le chef de la quadrille landaise, l’a fait, à l’Hippodrome de Paris, avec une vache landaise redoutable.
A côté de ce saut, merveille de gymnastique, le saut par-dessus les cornes, qui consiste à sauter de gauche à droite ou de droite à gauche par-dessus les cornes du taureau humilié, et le saut à la perche qui s’exécutent en Espagne et en Provence ne sont que des jeux d’enfants. Le saut sur une table du fameux Martincho, au siècle dernier, ne vaut pas non plus le saut landais. Pendant les sauts, il est prudent qu’un ou deux mantellistes soient de garde dans les entours pour les parades à fournir. »
Revue britannique, ou Choix d’articles des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne, 65e a., 1889, p. 180 : « Courses au taureau et principes de tauromachie », par G. de Frézals

Les tampons des cornes

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Ce n’est qu’à la suite de nombreux et dramatiques accidents que l’on imagina de mettre des tampons aux cornes des bêtes pour protéger les acteurs des courses landaises. Au départ, dans le dernier tiers du 19e siècle, ce n’était cependant qu’une pratique réservée au bétail le plus dangereux. Don Casanova, dans son Historique de la ganaderia Dubecq, nous fournit des renseignements très précis sur l’évolution de cette protection et les tâtonnements de sa mise au point.

Vers 1882, la vache Calva avait tué un écarteur amateur en place de Pontonx. « A la suite de ce tragique événement, on lui mit des tampons en plomb : ce fut la première vache tamponnée de la ganaderia Dubecq. L’usage de ces tampons ne donna pas satisfaction : le plomb, matière peu résistante, se déformait lorsque la bête frôlait les talenquères, ou bien se perforait peu à peu sous la poussée de la corne.

Dubecq père se décida alors pour les tampons en acier, taraudés à l’intérieur de façon à pouvoir se visser sur l’arme de la bête. Mais dans la pratique, ce système fut reconnu défectueux en ce sens que le choc de l’acier était très dur et le tampon vissé risquait d’occasionner la rupture de la corne lorsque la vache donnait la coup de tête de côté ou heurtait un obstacle quelconque : refuges, talenquère, etc.

Le tampon en bois, renfermé dans une gaine de cuir, ne présentant pas les mêmes inconvénients, fut adopté plus tard : c’est le seul d’ailleurs, dont on fasse usage aujourd’hui. »

Aujourd’hui, les tampons réalisés en chatterton sont plus « souples » mais les tumades sont toujours aussi rudes pour les écarteurs…

Le saut à la canne

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Les types de sauts réalisés lors des courses landaises au 19e siècle présentaient beaucoup plus de variétés qu’aujourd’hui, même si Nicolas Vergonzeanne et Louis Ansolabehere ont apporté ces dernières années quelques nouvelles figures. On pouvait ainsi voir par exemple des sauts en passant dans un cerceau, par dessus un chapeau tenu des deux mains ou bien encore comme ici par dessus une canne pliée en demi-cercle. Ce dessin représente Paul Daverat exécutant ce type de saut à Paris en 1887, lors des Fêtes du Soleil en faveur des inondés du sud-est.

Dans les années 1930, Gaston Destouroune, dit Mazzantini II, qui a été honoré en 2011 lors du pèlerinage de Bascons, remit à la mode ce type de saut comme il le fit pour le saut périlleux. On le voit ici « croqué » par Gaston Rémy dans cet exercice difficile.

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Le « paré »

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Avant l’invention de la feinte en 1831, la figure qui s’exécutait jusqu’alors s’appelait le « paré » . Voici la description que Prosper Séris en fait :

« A l’époque déjà lointaine des Lamothe on n’écartait pas comme on écarte aujourd’hui. On plantait bien des lances, mais on ne faisait pas de feinte et on ne sautait pas. Pour devenir écarteur, il fallait d’abord être doué d’une grande force, car le jeu consistait à attendre la bête lancée à toute vitesse, à lui poser les mains sur le frontal et à détourner vivement sa tête en effaçant un peu le corps. »
Et il ajoutait :
« Avec les vaches landaises, dont nous voyons encore quelques types aux environs de Pouy, ce jeu peut sembler facile, mais il serait impossible, ou du moins extrêmement dangereux de le tenter avec le bétail espagnol que nous avons adopté.
On appelait ce genre d’écart : le paré. »