Grâce à l’infatigable travail de Christian Capdegelle, voici la narration des événements qui marquèrent les 7 et 8 septembre 1913, dates des grandes réjouissances que la ville de Bazas avait programmées pour ses fêtes patronales. Dans Le Glaneur du 17 août, on annonçait fièrement :
« Le sport depuis quelques années a pris en France une extension considérable, tous les genres sont pratiqués et suivis avec une fièvre de plus en plus grande. Il est donc tout naturel que celui qui a trait aux courses landaises ou espagnoles passionne à son tour. Aussi les aficionados attendent-ils avec impatience les journées des 7 et 8 septembre prochain, qui amèneront dans nos arènes l’élite des toreros landais.
En effet les hommes composant la cuadrilla Passicos, sont susceptibles de contenter les plus difficiles. Nommer les Meunier Ier, les Guichemerre, Le Montois, les Lalanne, les Mazzantini, etc., c’est tout dire. Parler du troupeau nous paraît superflu, le ganadero dacquois possédant actuellement la ganaderia la mieux composée de la région landaise. Avec de pareils éléments est-il possible qu’une fête ne soit point réussie ? Poser la question c’est la résoudre. »
Malheureusement, le 26 août 1913, à l’issue de la course de Saint-Jean-d’Août à Mont-de-Marsan, un terrible incendie décimait le troupeau de René Passicos. La cité girondine se voyait donc confronté à un très sérieux problème qu’elle arriva cependant à résoudre tant bien que mal comme le compte-rendu qui suit le montre bien.
« Les Fêtes des 7 et 8 septembre.
Une pluie malencontreuse a contrarié nos fêtes des 7 et 8 septembre. La première journée cependant fut favorable. Malgré la fâcheuse nouvelle de la destruction complète de la ganaderia de M. Passicos, les arènes étaient assez bien garnies, nos populations landaises ayant une véritable passion pour les corridas. Mis dans l’obligation de rassembler hâtivement un troupeau quelconque d’encornées, le Comité pouvait espérer que les toreros landais se dépenseraient un peu pour donner malgré tout satisfaction au public.
Mais nous ne sommes plus, malheureusement, au temps où l’amour de l’art tauromachique et l’amour-propre enfantaient des prodiges en stimulant le zèle des rois de l’arène. Sans quelques sacrifiés poussés devant la brute par les rois déchus qui n’osaient l’affronter et demandaient protection à la talanquère, la course n’aurait été qu’une monotone exhibition de vaches. Et quelles vaches !… Les prix suivants, qui ont leur éloquence, furent distribués : Le Montois, 35 points, 70 fr. ; Morlaës, 27 p., 55 fr. ; Meunier, 20 p., 40 fr. ; Tapioca, 25 p., 10 fr. ; Guichemerre, 12 p., 30 fr. ; Mazzantini, 7 p., 15 fr. ; Lalanne, 7 p., 15 fr. (Chacun des écarteurs ci-dessus a reçu, en outre, une indemnité de 10 fr., pour suppression de la deuxième course) ; Beaurevert, 7 p., 18 fr. ; teneur de corde, 25 fr. ; vachers, 20 fr. ; Roméo, 10 fr. et Bamboula 5 fr., à titre d’encouragement. – Au total, il a été distribué 410 fr. de prix.
L’Harmonie s’est fait entendre pendant la course et, en attendant la reprise, un lâcher de pigeons voyageurs a été fait par le Rouquet Bazadés.
Lundi, dès la première heure, la pluie fit sa désagréable apparition et tomba sans répit jusqu’au soir, entraînant la suppression de la corrida. »
Le Glaneur, dimanche 14 septembre 1913.