Dédié au vaillant toréro Gérard que Jacobina blessa grièvement à Castelnau-Rivière-Basse [en 1934], voici un poème signé de « Don Pedro ».
La porte du toril s’ouvrit. Dans l’arène
Une vache apparut, belle et noble à la fois ;
Du monde entier, incontestable reine
Elle sème partout et la peur et l’effroi.
Soudain un torero s’avance devant elle,
Il semble la narguer : du geste, du regard ;
Il avance toujours, la siffle, puis l’appelle !
Alors n’y tenant plus, furieuse : elle part.
Cinq fois, d’un coup de rein, il évite la bête
Et la corne cinq fois frôle le boléro !
Vaincue, elle regarde, puis s’arrête.
Soudain dans un élan elle fonce à nouveau.
Cette fois surpris, gagné par la vitesse
L’écarteur n’a pas eu le temps de l’éviter :
Un choc terrible. Puis un cri de détresse
Et la foule debout cesse de respirer.
Tandis que sur le sol l’homme gît ; pas à pas
Elle rentre au toril : terrible et fière
Levant vers les gradins sa tête meurtrière
Et le peuple lui crie : « Vive Jacobina ! ».